Stratégie golfique, les secrets du coach !

Nous sommes allés voir Ilya Goroneskoul, enseignant à l’Académie Mont Griffon by Srixon, pour qu’il nous en dise plus sur sa vision du jeu et l’importance de la stratégie golfique.

Au delà des résultats, comment définiriez-vous les différences entre un joueur pro et un joueur amateur ?

Le Pro maîtrise les différents facteurs de la performance :
- – La clarification des objectifs, souvent au millimètre qui va ensuite orienter l’organisation de entraînement
- – La préparation physique et mentale
- – La routine
- – L’environnement : la famille, ses pensées, l’équipe autour de soi
- – Manager un rôle pour chacun pour atteindre son objectif (le préparateur physique, l’entraîneur, le conjoint, le golf d’entraînement…)
Egalement, c’est l’adaptabilité qui le caractérise: c’est le maître mot du golfeur. Le meilleur, c’est celui qui s’adapte à toutes les situations, alors que l’amateur aura souvent tendance à être déstabilisé.

Quelles sont pour vous les qualités d’un bon golfeur amateur ?

Le bon amateur doit rester lucide, tout en aimant relever le challenge. Son ouverture d’esprit est très importante pour qu’il soit prêt à écouter.
Aussi, il doit être en harmonie avec son environnement (son club, son coach, ses amis) : bien aligné avec lui-même pour pouvoir bien écouter et faire le tri parmi toutes les informations qu’il reçoit. S’il n’est pas bien, aigri… il risque de ne pas y arriver et d’être frustré.

Quels sont les axes de progrès trop peu exploités par les golfeurs amateurs ?

Vision du jeu : on est dans un environnement d’objectif, de perf… de résultats… dont l’atteinte ne doit rester que la cerise sur le gâteaux, mais se fixer un challenge est nécessaire. Il faut aimer à le relever, sinon, il ne se passe pas grand chose en général.
La technique : le petit jeu, le putting
La stratégie, adaptée à son niveau
Vivre l’instant : la respiration est importante, tout comme savoir gérer sa frustration

“il faut orienter son temps d’entraînement pour qu’il corresponde au jeu sur le parcours”

Pensez-vous que la stratégie golfique est suffisamment au centre des priorités des golfeurs amateurs ? Si non, pour quelles raisons ?

Pas assez car elle est trop loin du practice qui est le seul lieu d’entraînement de beaucoup de joueurs.

Lorsque que vous coachez vos élèves, la stratégie est-elle un axe de travail important ? Comment l’abordez-vous ?

Elle est la base du travail. Du débutant au joueur pro elle permet de créer en fonction des objectifs, les priorités d’entraînement, les incontournables, identifier les points forts et les points plus faibles.

Vous coachez notamment les jeunes. Quels sont les axes de travail que vous privilégiez ? A partir de quel âge les initiez-vous à la stratégie golfique ?

La stratégie golfique, c’est la priorité et dès l’âge de 5 ans, car tout en découle. Il faut qu’il aient une bonne vision du jeu et envie d’être là.
Il faut s’assurer qu’il soient pleinement présents : la respiration, du yoga, des étirements, la posture et de l’équilibre sur un pied. Relâcher et tendre les muscles…
Puis, on travaille
- – Sur les fondamentaux du golf avec un club : le grip, la posture
- – Sur la mobilité avec notamment des cerceaux pour visualiser le swing dans l’espace
- – Des situation de jeu / challenge : putting & chipping avec uniquement de la stratégie avec des atteintes de zones pour gagner des points. Avec la question “Comment je fais pour aller d’un point A à un point B ?”

De manière générale, les élèves connaissent-ils bien leur capacité de jeu (distance moyenne par club, leur régularité par club) ?

Non pas assez ! Les joueurs sont dans le déni. Lorsqu’il y a un coup qu’il ne savent pas faire, ils font comme si ça n’existait pas.
Un exemple criant : les coups à moins de 60m… savoir varier sa distance de 20m à 60m. C’est le coup que le joueur va avoir le plus à faire, et c’est le coup sur lequel il s’entraîne le moins !
Mon conseil : il faut orienter son temps d’entraînement pour qu’il corresponde au jeu sur le parcours

“Il faut bien identifier les attentes de chacun, cela permet de déterminer de vrais objectifs, sinon aucune chance de s’épanouir.”

Lorsque que vous accompagnez un élève sur le parcours, voit-on des aspects du jeu difficiles à déceler au practice ?

Tout l’été, je coach principalement sur le parcours, car Il faut travailler par secteur de jeu pour être au plus près de la réalité du golf. Ca va créer le besoin technique et la recherche de solutions. Quelques exemples :
Pour un joueur de bon niveau : il faut déceler les types de coups qui posent encore problème. Il faut le mettre dans différentes situations sur le parcours pour définir avec lui les coups qu’il aime et ceux qu’il n’aime pas.. Quels choix il prend ? Pourquoi ? et que met-il en place ? Ca permet d’identifier tout de suite les problèmes qu’on va travailler au practice par la suite.
Pour les coups de 100-120m d’attaque de green, ce sont des coups qu’on peut facilement reproduire en entraînement au practice. En revanche, en conditions de jeu sur le parcours, il arrive que le joueur se mette pourtant en difficulté. En y regardant de plus près lorsqu’on est sur le parcours avec le joueur, on peut se rendre compte si le problème est lié au manque d’intention de jouer du golfeur qui n’a, en fait, pas défini clairement ce qu’il souhaite faire et ses priorités de jeu. Quel est le plus important pour son coup ? De faire la distance ou de se mettre dans la bonne direction ? La réponse va dépendre de la position du drapeau, des obstacles, du vent… Jouer sans conviction, cela ressemble alors à un refus de réaliser le coup et la balle va alors rarement où il faudrait qu’elle aille. Pour résoudre cela, on détermine alors ce que le joueur doit maîtriser : doit-il mettre un effet ? Travailler la sortie de balle ? Si on opte pour la sortie de balle, on va alors travailler la face du club et le positionnement initial à l’entraînement puis on va retourner sur le parcours pour valider l’apport dans le jeu.

Pour un “bogey player” (HCP 18-24), combien de coups peut-il espérer gagner s’il suit vos conseils stratégiques ?

Les Bogey players “réguliers” (sur l’ensemble des trous) ont souvent des soucis de longueur ou alors un petit jeu défaillant. On peut gagner quelques coups : 4 à 5, mais c’est déjà ça !
Ceux qui ont le jeu pour jouer dans le Par mais qui se retrouvent avec un index de bogey player autour de 18 gèrent très mal leur jeu et devraient pouvoir jouer relativement souvent sous les 10 en abordant leurs parcours avec une stratégie golfique. Chez ces joueurs là, la stratégie peut apporter énormément. (vous pouvez aussi télécharger gratuitement l’application GPS Hello Birdie qui vous aidera à personnaliser votre plan de jeu et prendre le contrôle du parcours).

Et pour finir en quelques mots, y a-t-il / quelle est la “Méthode Ilya” ?

Savoir s’adapter aux joueurs, aux besoins, aux personnalités est crucial pour trouver les éléments moteurs et donner envie
Il faut bien identifier les attentes de chacun, cela permet de déterminer de vrais objectifs, sinon aucune chance de s’épanouir. il faut trouver l’élément de motivation. Certains cherchent à progresser de 2 points d’index chaque année… d’autres vont se préparer pour 1 tournoi par an…
Bien au delà du jeu de golf, c’est un moyen éducatif, de construction et développement personnel, d’échange social, un moyen d’expression – comme un art !